Article ancien sur Libération. La phobie
Je crois que les phobies nous guettent pafois. Heureusement pour certains cela ne dure pas.
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Vous 25/02/2005 à 00h44
Contes de la phobie ordinaire
FOIS Giulia
Neuf heures. Elle regarde droit devant elle. Une vingtaine de marches encore et elle sera sur le quai. Prendre son métro, ne pas être en retard. Passer la barrière, c'était déjà un calvaire, mais le pire reste à venir. Bousculée, un coup à droite, un coup à gauche, elle se fige, elle suffoque. Bouffées de chaleur, elle a du mal à respirer, essuie la sueur qui coule sur son front. Ses jambes, du coton. C'est que Mademoiselle est phobique, totalement phobique, cliniquement phobique. Un mot tellement galvaudé qu'on ne sait plus tellement ce qu'il veut dire. Et pourtant, 13 % de la population en souffrent (1). «La phobie, explique la psychanalyste Béatrice Copper-Royer (2), c'est la peur irraisonnée d'une situation ou d'une chose qui ne présente pas de danger dans la réalité.» Rien à voir avec la peur donc, qui, elle, sert d'avertissement devant un risque véritable. La journée, fictive mais réaliste, a commencé pour notre phobique modèle.
Loin de chez soi
9 h 05. Happée par un tunnel, avalée par la marée humaine... La tête de Mademoiselle commence à tourner. Peur du vide, ou de la foule, c'est de l'agoraphobie, «en fait une angoisse provoquée par l'éloignement d'un lieu où l'on se sent en sécurité, autrement dit, chez soi». Son cas est rare (1 à 2 % d'entre nous), mais particulièrement handicapant. Deuxième hypothèse : si ces crises de panique ne se produisent que dans le métro, il s'agit plutôt d'une phobie dite «spécifique», focalisée sur un objet unique. Reste une troisième catégorie, la plus courante : les phobies sociales, qui touchent nos relations aux autres, de l'impossibilité de s'exprimer en public à la timidité maladive.
Rupture, deuil, échec
9 h 10. Elle se souvient qu'elle n'a pas toujours été comme ça. Elle se dit qu'avant, elle aimait même l'odeur du métro. «Les phobies surviennent toujours lorsqu'on traverse une phase difficile, souligne Béatrice Copper-Royer. Bien souvent, elles sont liées à une angoisse de séparation qui implique une perte de repères.» Une rupture difficile, un deuil, un échec mal vécu : on est en souffrance. Et puis un jour, «on fait une mauvaise association. On déplace ce mal-être sur un élément extérieur. Le métro arrive à un moment où on est particulièrement déprimé, angoissé : on finit par croire que c'est lui qui est à l'origine de notre malaise». Personne n'est à l'abri, par conséquent. Même si les personnes naturellement anxieuses sont plus enclines aux phobies, et que les grandes villes, génératrices de stress au long cours, leur offrent un terrain favorable.
Stratégie de l'évitement
9 h 15. Descend, descend pas... Encore un peu et elle atteindra le paroxysme de l'angoisse : la véritable attaque de panique. «Physiquement et mentalement, vous avez alors vraiment l'impression que vous allez mourir, poursuit Béatrice Copper-Royer. Là, il n'y a plus qu'à appeler police secours.» Pas cette fois. Elle remonte. A l'air libre, elle respire un bon coup, soulagée, libérée. «C'est ce que l'on appelle l'évitement, explique la psychanalyste. Ce sont des stratégies mises en place pour éviter d'être confronté aux situations anxiogènes.» Ici se situe toute la différence avec les troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Pas d'évitement pour ceux-ci, mais plutôt des rituels envahissants, répétés à l'infini : microbes ou pas, on se lave les mains toute la journée, et quand on ne le fait pas, on ne pense qu'à le faire. «Ce sont des troubles beaucoup plus inquiétants, et associés à d'autres troubles de la personnalité, ajoute Béatrice Copper-Royer. Alors que pour un phobique, tout va bien dès lors qu'il est éloigné de sa phobie.»
Au coeur de la situation d'angoisse
9 h 20. Elle finit par s'acheter un vélo. De toute façon, c'est mieux pour les mollets. Le seul problème, c'est qu'à force d'éviter, la peur gagne du terrain. Mademoiselle se dit qu'elle devrait peut-être se faire soigner. «Il faut le faire quand la vie devient insupportable ; quand un agoraphobe, par exemple, finit par vivre reclus chez lui.» La solution : les thérapies comportementales et cognitives. Le psy fait d'abord revivre dans son cabinet les crises d'angoisse pour en comprendre les ressorts. Quand le patient est prêt, il l'accompagne physiquement au coeur de la situation anxiogène, où il rassure et apprend à se relaxer. Enfin, le «futur ex-phobique» ira seul et fera le bilan à son retour au cabinet. Au bout de quelques mois, les symptômes disparaissent. Les symptômes seulement. Car pour dénouer le traumatisme originel, travailler sur le «pourquoi», après avoir compris le «comment», rien de tel qu'un bon vieux divan. Mademoiselle a-t-elle du temps devant elle ?
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Peur du loup peur de tout , Petites peurs, angoisses, phobies, chez l'enfant et l'adolescent Béatrice Coper-Royer - Etude (broché). Paru en 10/2003
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A des degrés variables, la peur, la terreur, les angoisses, les phobies, le mal au ventre d'angoisse, les rituels de conjuration, sont le lot de pratiquement tous les enfants. Pour grandir, ils passent par là, il les dépassent, et font un bond en avant. Mais parfois, ces signes deviennent...
A des degrés variables, la peur, la terreur, les angoisses, les phobies, le mal au ventre d'angoisse, les rituels de conjuration, sont le lot de pratiquement tous les enfants. Pour grandir, ils passent par là, il les dépassent, et font un bond en avant. Mais parfois, ces signes deviennent envahissants et empêchent l'enfant d'avancer.
Tous les parents ont à rassurer leurs enfants.
Béatrice Copper-Royer aide les parents à comprendre ce qui se joue :
- Que signifient les peurs classiques ?
- Pourquoi les enfants jouent-ils à se faire peur ?
- Comment rassurer l'enfant ?
- De quelle sorte est la peur à l'adolescence ?
- Comment réagir devant la peur de l'école ?
- Quelle est la différence entre la phobie et le TOC (trouble obsessionnel compulsif ) ?
- Quand et qui faut-il consulter ?…
S'adressant à tous les parents, car ils sont tous concernés, Béatrice Copper-Royer les aide à comprendre ces émotions de l'enfant qu'il ne faut pas prendre à la légère. Il ne faut pas les dramatiser non plus, mais aider et rassurer parents et enfants.
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