La Fable et le Mensonge -par VAL -

Publié le par Tina

 

Certes il y a parfois des mensonges "pieux" ! Ce ne sont pas ceux dont on parle. Tina

 

 A l’époque de cette narration, l’âge d’Or, celui d’Argent et même celui du Fer étaient choses oubliées, trop anciennes et égarées dans la mémoire souvent futile des Hommes.
    Jadis même, au cœur âpre de l’âge Sombre, battait encore le merveilleux des Contes et Légendes murmurés aux veillées… plus maintenant. Oh, la Vérité était un autre Mythe… n’ayant guère vécu davantage aux yeux des fous, aveuglés par sa pureté. Par un beau stratagème, elle s’était toutefois alliée avec la Fable pour ne point effrayer les lâches et par les métaphores de cette dernière les moquer, les railler, les amuser aussi et parfois leur enseigner la beauté du monde…
    Cet âge aussi était révolu…

    - Alors c’est ainsi… Ô je comprends ta peine ma Sœur Vérité quand tu te plaignais d’être rejetée par tous, te fanant alors seule sans plus de raison d’être.
    C’était là la Fable, morfondue, voûtée et tremblante, pleurant sur son sort.
    - Et bien, vieille entité, qu’as-tu à te lamenter telle une jeune veuve ?
    Surprise la Fable en demeura cois, le Mensonge venant d’apparaître ! Il était fier, élégant, en pleine vigueur et l’air si frais qu’il semblait être tout juste né.
    - La belle Vérité a disparu… Et ta soudaine présence ne semble pas y être étranger.
    - Non pas. Me voilà tout aussi attristé de son départ. Après tout sans elle je ne puis avoir de plaisir dans mon Destin qui est de tromper… sans ma fausse jumelle, à quoi bon.
    - Comme de coutume tu mens bien sûr ! Ah quel plus bel enlacement avions-nous échangé quand la douce vint sous ma cape merveilleuse. Claris de Florian nous célébrait en ce temps…
    - Le nôtre n’est plus celui d’alors et le mien venu l’est à tors et à travers.
    - Explique-toi faux-semblant ?
    - Les hommes ne font plus que mentir. Ils trompent leurs amours, se prélassent dans l’illusion, ma cousine, rêvent de futilités, se vautrent dans l’hypocrisie sans mesure et pire encore, moquent leur propre parole pourtant engagée ! Et j’ai plus vicieux ; les voilà démasqués aux yeux et ainsi face nue, ils nient leur fourvoiement ou s’en pâment d’autant plus…
    - Et pourquoi en serais-tu affecté ? Tu es Dieu parmi les Dieux, tous tes fidèles et apôtres louant ta nature de par leurs viles prières mensongères !

    Le Mensonge poussa un long soupir de mélancolie, semblant sincère.

    - Même le Mensonge ne peut se suffire sans la Vérité… s’il n’y a point d’eau le désert ne sait pas qu’il est désert, ni la glace qui elle est sans feu pour qu’elle craigne de fondre.
    - C’est là bonne métaphore qui siérait à l’une de mes morales.
    - C’est pour sauver la mienne que je te mande aide comme autrefois ma Sœur.
    - Par sa grâce je fus accueillie chez le sage et elle point molestée chez les fous…
    - Et bien justement. Notre nouveau compagnonnage sera encore plus apprécié.
    - Vraiment ?
    - Faussement… enfin oui vraiment. Nos « Affabulations », joli mot sensé pour sceller notre union, feront nos joies. Ainsi je te ferais énigme chez les fous… Comme ils sont sans esprits, ils s’enfièvreront à y chercher l’impossible et qui sait y trouver un peu de bon sens perdu ! Toi tu m’introniseras chez les Sages… Je ressemble presque trait pour trait à ma jumelle. Me faisant leur, leur génie suffisant sera gentiment moqué pour m’avoir asséné comme Vérité !
    - A t’entendre tout à l’air si simple… Et bien soit, marchons ensemble dans l’ombre de ses pas. Tant pis si je suis sagesse et folie mêlée tout à la fois…

    - L’une ne va pas sans l’autre, c’est là notre morale ! Et le Mensonge éclata de rire…

    Les Fables sont les poèmes des peuples,
    A la fois trompeuses comme leurs Mythes
    Mais réelles comme leur Histoire,
    Naviguant toujours entre les gués de ces deux contrées.

Auteur : Val        http://fable.wikidot.com/la-fable-et-le-mensonge



L'Etat est le plus froid des monstres froids. Il ment froidement ; et voici le mensonge qui s'échappe de sa bouche : "Moi l'Etat, je suis le peuple."
     [Friedrich Nietzsche]>


 Il n'existe pas de bouclier contre le mensonge. Ni la crainte des dieux ni la damnation n'ont jamais empêché le mensonge ou le parjure.
     [François Cavanna]


> Liberté, égalité, fraternité ! Paroles vaines, funestes même, depuis qu'elles sont devenues politiques ; car la politique en a fait trois mensonges.
     [Louis Veuillot] [+]
Extrait de Les libres penseurs

 

 

La Fable de la Vérité par Tina

 

 

 

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